mercredi 17 novembre 2010

Les opérations paramilitaires de la CIA aujourd'hui

La première équipe des forces spéciales américaines à Tora Bora en 2001

Depuis la fin de la guerre froide et la disparition du KGB en 1991, la Central Intelligence Agency (CIA) a tout d’abord vu ses missions orienté vers le monde économique dans les années 1990 et particulièrement sous Bill Clinton. Accusée de ne pas avoir pu prévenir les attentats du 11 septembre 2001, l’agence est redevenue dès le mois d’octobre de cette même année ceux pourquoi elle avait été créée en 1947, la principale agence de renseignement d’un pays en guerre.
En 2005, le président Bush a créé le National Clandestine Service (NCS) au sein de la CIA qui regroupe toute les activités ‘humaines’ de l’agence, renseignement humain (HUMINT) et actions paramilitaires. Ce changement s’accompagne du fait que l’analyse est de plus en plus externalisée à des compagnies privées et que d’une manière générale le renseignement technique (satellites, avions, sous-marins) est privilégié par rapport aux activités de terrain.
Aujourd’hui presque dix ans après le début de la guerre que les américains ont surnommé The Long One, le rôle de la CIA n’est plus simplement celui d’un service de renseignement mais plutôt, comme lors de la guerre du Vietnam, celui d’un groupe paramilitaire aux ordres directs de l’administration américaine.


Afghanistan et Irak : conflits ouverts
A l’automne 2001, les premières troupes américaines à poser le pied en territoire afghan furent les hommes de la Special Activities Division (SAD), l’unité opérationnelle rattachée à la CIA, en charge de ses actions paramilitaires. Ces hommes ont permis aux forces spéciales officielles de s’installer dans le pays et ont accompagné les troupes de l’Alliance du Nord dans la reprise de l’Afghanistan qui avait été planifié par la CIA.
Après que les talibans aient été renversés, la CIA et la SAD en particulier sont restés pour coordonner les recherches des membres d’al Qaida ainsi que leur élimination par le programme de drones armés. Le même schéma a été ensuite répliquer pour l’invasion de l’Irak et la capture de Saddam Hussein.
Aujourd’hui le rôle de la CIA est tellement important en Afghanistan que le chef de station à Kaboul, nom de code Spider, est en contact personnel avec le président Hamid Karzai au détriment de l’ambassadeur sur place. Il est par ailleurs à la tête de la plus grosse entité de la CIA en dehors des USA. Les effectifs sont supérieurs à ceux qui ont été déployé au Vietnam au plus fort de la guerre et en Irak en 2003.

Pakistan et Yémen : opérations ‘noires’
Début 2002, les dirigeants d’al Qaida ont fui l’Afghanistan pour le Pakistan voisin. Dès lors les opérations de recherche et d’élimination des membres du groupe terroriste se sont portées sur ce pays. Or le Pakistan est un pays allié de Washington depuis son indépendance. Le président Musharraf, conscient de l’impopularité des USA dans son pays a refusé l’accès au territoire pakistanais aux forces spéciales américaines. A partir de 2004, le président Bush, avec l’accord du président pakistanais et le concours des services de renseignement de se pays (ISI) a autorisé l’utilisation de drones de combat pour des attaques ciblées sur les dirigeants talibans ou affiliés à al Qaida.
Officiellement, le gouvernement pakistanais nie avoir connaissances de ses attaques et ne pas pouvoir les empêcher puisque les drones sont opérés depuis l’Afghanistan. Dans les faits, la CIA et l’ISI partagent leurs informations sur les groupes talibans et les forces spéciales pakistanaise opèrent avec la SAD pour la reconnaissance des cibles.
Même si l’efficacité des telles opérations est discutables (voir notre article « La stratégie des drones : quand les avions tuent sans pilote »), le président Obama et le nouveau directeur de la CIA, Leon Panetta ont intensifié les activités des drones dans le nord du Pakistan et les officiels américains assurent que cela permet de tuer les éléments clés de l’organisation terroriste ainsi que de perturbé la planification d’attentats en Europe et aux Etats-Unis.
Ce type d’action va certainement être exporté au Yémen étant donnée la similarité des situations. Le pouvoir yéménite soutient bon grès mal grès les opérations anti-terroristes américaines alors que la rue fait preuve d’un anti-américanisme. Les actions de la SAD ne sont pas reconnues officiellement par le gouvernement qui peut se défendre politiquement d’avoir soutenu les américains, mais dans le cas du Yémen comme celui du Pakistan, l’intérêt majeur des interventions sous couverture est qu’une partie du pays n’est pas sous le contrôle du gouvernement central mais de tribus locales. Cela permet donc aux américains d’opérer quelque soit les conditions politiques.

L’utilisation des forces spéciales de la CIA permet de diminuer le temps de traitement de l’information. La même organisation collecte le renseignement opérationnel et agit selon ses mêmes informations. Les opérations sont ne sont pas reconnues officiellement ni par le gouvernement américains ni par le gouvernement du pays sur le territoire duquel les actions ont eues lieux. Ce type de contre-guérilla est le moyen privilégié par l’administration Obama pour avoir le maximum de résultat tout en minimisant les pertes humaines.
Il reste à voir les résultats à long terme.

Sources:
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Julian E. BARNES And Adam ENTOUS - “Yemen Covert Role Pushed” - The Wall Street Journal – November 1, 2010 http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704477904575586634028056268.html
- Julian E. BARNES And Adam ENTOUS - “Wider Role for CIA Sought” - The Wall Street Journal - October 23, 2010 http://online.wsj.com/article/SB10001424052702304354104575568621818109684.html
- Adam ENTOUS, Julian E. BARNES And Siobhan GORMAN – “CIA Escalates in Pakistan” - The Wall Street Journal – October 2, 2010 http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704029304575526270751096984.html
- Siobhan GORMAN – “CIA Man Is Key to U.S. Relations With Karzai” - The Wall Street Journal – August 24, 2010 http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704741904575409874267832044.html
- AD – « La stratégie des drones : quand les avions tuent sans pilote » – GlobalAnalysis France – 16 mars 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/03/la-strategie-des-drones-quand-les.html
- AD – « Un an de présidence Obama : le point sur la guerre contre la Terreur » – GlobalAnalysis France – 15 février 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/02/un-de-presidence-obama-le-point-sur-la.html
- AD – « Les enjeux du Yémen » – GlobalAnalysis France – 13 janvier 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/les-enjeux-du-yemen.html
- Le blog drzz - Exclusive interview : CIA agent Jones - November 9, 2008 http://www.drzz.info/article-25631195.html
- National Geographic – CIA Confidential
http://channel.nationalgeographic.com/series/cia-confidential/all/Overview

Par AD

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