lundi 28 février 2011

La Russie, puissance (re-)émergente ?

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La fédération de Russie est le plus grand pays du Monde en superficie, elle possède les plus importantes réserves de gaz prouvée et les deuxièmes réserves de pétrole. Mais depuis l’effondrement de la superpuissance qu’était l’URSS la Russie ne joue qu’un rôle de puissance moyenne dans le monde.
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La Russie a une superficie de 17 millions de km² (soit deux fois celle des États-Unis, 31 fois celle de la France) cet immense territoire est sa principale source de richesses. Mines de fer, de houille, de nickel, de diamant, le pays possède un sous-sol riche. Les hydrocarbures ne sont pas en reste puisque la Russie détient du gaz naturel (premier producteur et exportateur mondial), du pétrole (premier producteur), du charbon (sixième pays producteur). Mais cette manne économique étant repartie sur un territoire immense, elle est mal aisée à exploiter.
La Russie a également hériter de l’URSS une industrie lourde et technologique centrée sur l’aéronautique, la défense, le nucléaire et le spatial. Elle est encore le premier exportateur d’armes dans le monde mais son industrie légère n’a pas réussi à percer sur le marché national. Dans les produits de haute technologie (informatique, nanotechnologie, électronique et pharmaceutique) les entreprises russes sont remarquées par leur absence. Les exportations du pays se composent majoritairement de produits à faible valeur ajoutée et de matières premières dont l’évolution des prix est sujet à de nombreuses fluctuations.
Militairement, un si grand territoire est difficile à protéger ce qui explique la politique étrangère incisive de Moscou depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin en 2000.
L’armée russe, héritière de l’armée soviétique, est vieillissante du fait du désinvestissement chronique de la part de l’Etat. La R&D du complexe militaro-industriel est peu efficace. Ce phénomène est particulièrement flagrant dans les armes ‘techniques’  que sont la marine et l’aviation. Les navires comme les avions sont vieillissants et le pays peine à renouveler les navires de combat, les sous-marins mais également les hélicoptères qui datent tous des années 1980. L’annonce de l’achat de BPC Mistral à la France est bien la preuve des difficultés technologiques auxquelles le pays fait face. La Russie possède un immense stock d’armes nucléaires mais ne possède pas de missiles récents permettant d’en faire un vrai atout.
 
D’un point de vu stratégique, la Russie doit se protéger contre des menaces diverses : intérieures premièrement, l’indépendantisme couplé au terrorisme dans le Caucase, mais également extérieures l'Asie Mineure, le Japon, la Mongolie et surtout la Chine sont des voisins menaçants. Moscou surveille de près les détroits turcs pour accéder à la Méditerranée, danois pour accéder à l'océan Atlantique et  japonais pour l'océan Pacifique. L'Arctique est également l’objet de bien des attentions notamment pour les réserves de pétrole.
Cette politique agressive envers les ressources énergétiques est l’une des pierres d’achoppement des relations entre la Russie et les puissances occidentales.  Menacée par l’OTAN et l’extension à l’Est de l’Union Européenne, la Russie voit sa zone d’influence se réduire drastiquement d’autant que les structures d’approvisionnement en gaz et en pétrole russe à destination de l’Europe sont basées sur le réseau soviétique qui s’appuyait sur les États satellites. Une partie de ceux-ci étant intégré dans l’Union Européenne, la Russie perd sa main-mise stratégique.
Les USA dont la méfiance envers la Russie n’a pas déclinée avec la fin de la guerre froide diversifie ses approvisionnements et dans sa politique de sécurisation entrent dans la sphère d’influence historique de Moscou.
 
La politique de contournement des voies d’approvisionnements russe ainsi que le soutien européen à un bouclier anti-missile ravive les vieilles querelles de la guerre froide.
Dans une optique de retour au statut de superpuissance, Moscou noue de nouveaux partenariats dans son environnement proche. Après la disparition de facto du pacte de Varsovie, Moscou renouvelle son partenariat politico-militaire avec la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan en créant l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).
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Pays membre de l'OTSC


En 2001, la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan se rassemblent dans une organisation de stabilité régionale : l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). 
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Pays membres de l'OCS en vert foncé, observateurs en vert clair


Ce retour au premier plan de la Russie est trompeur, en effet le pays reste pauvre de part la fragilité de son système financier et ses difficultés à redistribuer les richesses des hydrocarbures qui restent dans les mains d’une oligarchie. La corruption dans le pays équivaut à la moitié du PIB et les instances politiques sont faibles.
La crise sanitaire et sociale qui touche la population depuis la chute du mur de Berlin est aujourd’hui rejointe par des crises identitaires et ethniques. Les guerres du Caucase divisent l’opinion publique dans un État où le pouvoir central est bien lointain.
 
La Russie est une puissance en renaissance. Renaissance des cendres de l’Union Soviétique mais de nombreux obstacles se tiennent encore sur la route vers la superpuissance.

Sources :
Wikipédia (en particulier pour les cartes)
Michel Guénec – « La Russie, une puissance émergente ? » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
Michel Guénec – « La politique russe dans le domaine des hydrocarbures » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
 
Par AD

2 commentaires:

Célia a dit…

Pourquoi ne pas aborder au sein de cet article les frontières et la relation que la Russie entretient avec ses voisins, preuve qu'elle se cherche encore...

GlobalAnalysis France a dit…

Ceci sera aborder lors de notre dossier spécial sur le Caucase.
A venir prochainement