mercredi 26 octobre 2011

Londres 2012, des Jeux Olympiques sous menace terroriste ?

Le quartier général du Security Service, Thames House


En 2008, la série Spooks: Code 9 de la BBC s’ouvre sur les images de l’explosion d’une bombe nucléaire sous le stade de Londres où a lieu la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Une petite bombe mais qui tue tous les chefs d’État présents et des centaines de milliers dans l’explosion et condamnant plusieurs milliers d’autres à mourir à cause des radiations.

Les Jeux Olympiques de Londres en 2012 vont rassembler 205 pays, 120 chefs d’État ou de gouvernement, 50.000 journalistes. Plus de 10 millions de tickets ont été vendus pour des événements sur 34 sites partout au Royaume-Uni. Les activités commenceront le 19 mai avec le relais de la torche et se termineront avec la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques. De plus des manifestations parallèles vont se tenir à travers tout le pays (comme des écrans géants dans les parcs de Londres ou sur les grandes places des principales villes).
La sécurité d’un tel événement mondial est assurée par plusieurs agences de sécurité différentes : les polices locales, les services de sécurité des pays dont les chefs d’État se déplacent, tout cela coordonné par le service du pays accueillant les événements. Dans le cas de Londres 2012, il s’agit du Security Service plus connu sous le nom de MI5.

Les événements internationaux sont toujours une cible potentielle pour des groupes terroristes. Les Jeux Olympiques sont symboliques à plus d’un terme : symbole de paix ou de rivalité entre les pays, les enjeux politiques sont toujours présents. En 2008, les Jeux Olympiques de Pékin avaient été boycottés par des chefs d’État pour protester contre la répression au Tibet mais ils avaient également vu les deux Corée se présenter sous une seule bannière. En 1972 à Munich, des terroristes Palestiniens du mouvement Septembre Noir ont pris en otage puis tué des athlètes israéliens.

Les Jeux Olympiques de Londres sont considérés comme étant à haut risque. En effet, le Royaume Uni a participé à la guerre en Irak et est engagé dans le conflit en Afghanistan. De plus Londres a subit des attentats terroristes islamistes les 7 et 21 juillet 2005. Mais le pays entier a été visé : en juin 2007, l’aéroport de Glasgow a été la cible d’une attaque à la voiture piégée ; en mai 2008, un attentat a échoué à Exeter.

Le MI5 a identifié quatre types de menaces principales. Trois d’entre elles sont classiques et font partie du travail quotidien de l’agence : les groupes liés à Al Qaida ou a des groupes islamistes, un individu seul (à l’image d’Anders Behring Breivik et de son attaque le 22 juillet en Norvège) ou une attaque des groupes indépendantistes irlandais (dont la dernière menace d’attentat à la bombe remonte à mai 2011, la veille de la visite de la reine en Irlande). La quatrième menace est un terrorisme importé, les dissidents d’un pays étranger qui profitent l’opportunité d’être à Londres pour s’attaquer à leur pays de provenance.

Cette dernière menace est la plus difficile à gérer puisqu’elle nécessite une collaboration étroite avec les services de sécurité des pays invités que ce soit d’échanges d’informations et de réactivité de la part de MI5. Mais la menace la plus difficile à détecter est celle liée aux individus seuls radicalisés sur Internet, qui ne font parti d’aucun réseau et qui n’ont pas de passé activiste.

Alors que l’échéance approche, les volumes de renseignement vont aller en augmentant pour atteindre des volumes considérables. En particulier parce que les agences amies vont envoyer une quantité importante de renseignements qu’elles ignoreraient en temps normal. De gros investissements ont donc été faits pour augmenter les capacités de traitement, d’analyse et de prise de décision.
Pour les agences de sécurité le dilemme quotidien consiste à choisir entre l’arrestation des suspects ou leur mise sous surveillance pour remonter jusqu’aux commanditaires. Lors des Jeux Olympiques, les services vont privilégier les actions immédiates et ne prendre aucun risque.

Avec sept ans de préparation et un budget sécurité de 600 millions de livres (686 millions d'euros), MI5 et les autres agences sont aussi prêtes que possible. Néanmoins, les terroristes ont eu, eux aussi, sept ans pour se préparer.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- « Londres 2012: premiers JO dans un pays menacé d'attaques terroristes »– Slate – 17 octobre 2011 http://www.slate.fr/lien/45155/londres-2012-jo-attaques-terroristes
- "MI5 gets ready for the starter’s gun" – The Economist15 octobre 2011 http://www.economist.com/node/21532318?fsrc=scn/tw/te/ar/mi5getsreadyforthestartersgun

Par AD

lundi 17 octobre 2011

Du renseignement au grand public, la démocratisation des images satellites

Spot-5
Le satellite Spot 5

En 1959, le satellite américain Explorer est le premier à prendre une photo de la Terre depuis l'espace. En 1982, Spot Image est la première compagnie privée à vendre des images satellite. En 1992, le Land Remote Sensing Policy Act permet aux entreprises américaines de vendre des images de la Terre prises depuis l'espace. Enfin, en 2005 Google Earth permet à tout un chacun d'avoir accès gratuitement à des images de la Terre vu de l'espace. Le grand public a ainsi pu prendre compte des possibilités de l'imagerie satellite mais également des dérives possibles.

Les premiers utilisateurs d'images satellites sont évidement les États que se soit pour des usages, civils, militaires ou scientifiques. On peut s'en servir pour l'aménagement du territoire, pour mesurer la déforestation, surveiller la pollution ou une région agricole, pour prévoir la météo ou encore pour organiser les secours après une catastrophe, organiser l'évacuation de ressortissants dans un pays en guerre civile. Les usages militaires peuvent être défensifs (surveiller ses eaux territoriales ou les États voisins) ou offensifs (connaitre la position des unités ennemis, des bâtiments stratégiques, etc.) c'est d'ailleurs pour cette application que la course à la précision de l'image s'est déclarée. Plus la résolution d'une image est grande plus ont peut distinguer de petits détails. Cela est utile dans le cadre de l'espionnage des forces armées d'un ennemi puisqu'en ayant un maximum de détails on peut plus facilement reconnaitre un type de véhicule d'un autre, un avion civil d'un avion militaire, etc.

Beaucoup d'entreprises privées ont besoin de connaitre leur environnement. L'exploration minière ou pétrolière, mais surtout l'agriculture. Les agriculteurs peuvent surveiller leur culture sur des hectares sans avoir à se déplacer, connaitre l'état des sols ou de leurs ressources en eau.
Le marché des images est ainsi estimé à 1 milliard de dollars par an et si l'on ajoute les services associés, on atteint plusieurs milliards.

Mais ces images peuvent servir à des groupes malveillant également. Un groupe terroriste, de cambrioleurs pourront repérer les alentours de leur cible sur des images satellites de résolution même moyenne et prévoir leur approche ou un itinéraire de fuite.

Sur ce marché déjà conséquent et en plein développement de nombreux acteurs privés apparaissent. Le premier a été SPOT Image (qui appartient maintenant à Astrium GEO-Information Services). Mais la concurrence internationale est rude. Les deux principales sociétés américaines (Digital Globe et GeoEye) bénéficient de contrat de longue durée avec le Pentagone ce qui leur permet de vendre les images aux entreprises à des prix plus bas.
La compagnie israélienne, ImagSat International, est une nouvelle venue mais à la pointe de la technologie puisqu'elle bénéficie de la technologie développée pour Tsahal.
Le Brésil et la Chine coopèrent dans l'imagerie satellitaire. La Chine fabrique les satellites et le Brésil vend les images et les services liés. Mais leurs images ne sont pas encore d'une qualité suffisante pour faire concurrence aux grands du marché. De plus, les images sont distribuées, pour l'instant, gratuitement.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Services de géo-information sur le site de Astrium http://www.astrium.eads.net/fr/services-d-observation-de-la-terre/
- Victoire MEYNIAL – « Satellite : la bataille des images » – France24 – 27 juillet 2011 http://www.france24.com/fr/20110723-Satellites-bataille-images-aerospatiale-concurrence-commerce-international-intelligence-economique

Par AD

lundi 10 octobre 2011

La prolifération des missiles sol-air : un nouveau risque terroriste

Un moudjahid afghan avec un lance-missile Strela-2
Un moudjahid afghan avec un lance-missile Strela-2

Lorsque l'on parle de prolifération et de terrorisme, il est souvent question de matériaux nucléaires. Si le risque nucléaire semble de moins en moins probable, il n'en va pas de même pour les risques liés aux missiles sol-air.

Les missiles sol-air sont apparus vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale. La manœuvrabilité des avions d'attaque au sol augmentant les missiles sont devenu de plus en plus maniable. Dans les années 1960, les premiers missiles pouvant être mis en œuvre par un seul hommes apparaissent. Dans les années 1980, profitant des progrès de l'électronique, ils s'améliorèrent rapidement. Les États-Unis équipèrent les résistants afghans de missiles (d'abord des missiles soviétiques Strela-2M achetés en Égypte ou en Chine puis des Stinger de fabrication américaine) pour contrer l'utilisation intensive des hélicoptères par les troupes d'invasion de l'URSS.

Aujourd'hui beaucoup de ses missiles datant de la Guerre froide sont sur le marché noir. Mais le conflit en Libye, qui a vu les forces du Colonel Kadhafi s'enfuirent en abandonnant leur arsenal, a empirer les choses. Le 3 octobre 2011, le président du comité militaire de l'OTAN , l’amiral Giampaolo Di Paola, a déclaré à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, que plus de 10.000 missiles sol-air Strela-2 auraient disparus des casernes libyennes. Ces missiles, qui ne sont ni entre les mains des forces pro-Kadhafi ni celles du Conseil National de Transition, ont probablement été récupérés par des trafiquants d'armes basés dans le Sahel et qui sont liés à Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) ou à des groupes criminelles de cette région.
Ces missiles qui sont facilement transportables peuvent être acheminer jusque dans la bande de Gaza s'ils sont achetés par le Hamas, au Liban ou en Syrie entre les mains de Hezbollah mais également jusqu'en Afghanistan et armer les Talibans. Bien entendu, ils peuvent rester dans le Sahel et permettre à AQMI de mener des actions spectaculaires.
En effet, pour un groupe terroriste ces missiles même s'ils sont anciens peuvent se révéler intéressant. En effet, on a vu en Afghanistan lors de l'invasion soviétique qu'ils pouvaient abattre des hélicoptères et des avions de transport à hélice. On peut également imaginer qu'ils permettent d'attaquer des drones Predator qui volent à basse altitude.
Mais l'utilisation la plus inquiétante est contre les avions de ligne. Un homme seul opérant au bout d'une piste peut tirer sur les avions lors des phases de décollage et d'atterrissage lorsqu'ils sont à basse altitude et faible vitesse.
Le 28 novembre 2002, un Boeing 757 de la compagnie charter israélienne Arkia a été la cible de deux tirs de missiles Strela-2 juste après son décollage de la piste de Mombasa, au Kenya. Les missiles n'ont pas touché leur cible mais ils ont explosé à proximité de l'avion. Le 23 novembre 2003, un Airbus A300 cargo de DHL, qui venait de décoller de Bagdad à destination du Qatar, était victime d'une attaque similaire. Touché à l'aile gauche, il ne s'en est sorti que de justesse.

La plupart de ces missiles sont à guidage infrarouge. Sur les avions de ligne, il est possible d'installer un brouilleur simple. Il s'agit d'une sorte de lampe activée lors des phases critiques (lors du décollage et de l'atterrissage) afin de brouiller les éventuels missiles. Pour le pilote, il suffit d'allumer ce système comme on pourrait le faire pour les feux d'atterrissage. Ce brouilleur procure une protection permanente et a de bonnes probabilités de perturber les missiles de première génération - comme le Strela-2 ou les premiers Stinger - dont le principe de guidage est simple.
Dans tous les cas, les compagnies aériennes réfléchissent à la question et demande aux avionneurs de mettre en place des contre-mesures similaires à celles qui existent sur les appareils des chefs d’États tel que Air Force One.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Zone Militaire – « Libye : Plus de 10.000 missiles sol-air manquent à l’appel » – OPEX360 – 3 octobre 2011 http://www.opex360.com/2011/10/03/libye-plus-de-10-000-missiles-sol-air-manquent-a-lappel/
- LEMONDE.FR avec AFP – « Plus de 10 000 missiles sol-air perdus en Libye, selon l'OTAN » – LEMONDE.FR | 02.10.11 | 12h23 • Mis à jour le 02.10.11 | 12h24 http://www.lemonde.fr/libye/article/2011/10/02/plus-de-10-000-missiles-sol-air-perdus-en-libye-selon-l-otan_1581172_1496980.html
- Eric Denécé – « La menace des missiles sol/air» – Le Figaro – 31 octobre 2005 http://www.cf2r.org/fr/actualite/dp-menace-missiles-sol-air-10.php
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lundi 3 octobre 2011

Les agents infiltrés et la lutte contre le terrorisme

Logo_of_the_FBI_Counterterrorism_Division

Le 28 septembre 2011, Rezwan Ferdaus, un américain originaire du Bangladesh, est arrêté par le FBI pour avoir préparé une attaque sur le Pentagone et le Congrès à l’aide de modèles réduits d’avions. Cette arrestation a été possible grâce à un agent du FBI qui s’est fait passer pour un membre d’Al Qaida et lui a fourni des explosifs ainsi que l’argent pour acheter le modèle réduit téléguidé.
Depuis le 11 septembre 2001, le contre-terrorisme est devenu la priorité numéro 1 du FBI. Celui-ci met donc tout en œuvre pour détecter au plus tôt les potentiels terroristes. Pour cela, il a mis en place un réseau de milliers d’informateurs qui scrutent les communautés musulmanes de tous les USA à la recherche des terroristes en puissance. Ainsi, selon le compte de l’université de l’Etat de l’Ohio 13 des 33 tentatives d'attentats islamistes recensés aux USA depuis 2001 ont été initiées ou facilitées par les autorités au moyen d'un agent infiltré ou par un informateur travaillant pour le FBI.

Les informateurs sont souvent des repris de justice, des personnes ayant des problèmes avec les services d’immigration ou des gens payés pour espionner une communauté dans tous les cas, ils ont intérêts à exagérer des complots naissants pour avoir leur récompense (qu’elle soit financière ou non). Ce problème se pose régulièrement aux USA où des gens faibles ou instables psychologiquement sont poussés dans la voie du terrorisme alors qu’ils n’y seraient peut être pas aller d’eux-même. Ceci dans une optique de chiffre à laquelle ne rechigne pas les agents fédéraux, peut être parce qu'ils sont en concurrence avec la CIA qui surveille également les activités terroristes.

Les infiltrés sont des agents du FBI qui se font passer pour quelqu’un d’autre à la différence des informateurs, ce sont des représentants des forces de l’ordre et donc de l’Etat. Ce sont pourtant eux qui fournissent aux suspects de l’argent, des armes, des explosifs et les aident à préparer leurs attentats. Parfois, ils vont jusqu’à positionner de fausses voitures piégées pour arrêter le suspect le doigt sur le détonateur (voir le dossier du magasine Mother Jones). Au delà de l’aspect déontologique, la mise en danger volontaire des citoyens en fournissant des armes à des personnes intéressées par le terrorisme, il se pose la question de l’intérêt de pousser des hommes et des femmes à se radicaliser. En effet, bien des personnes qui songent à commettre un attentat sont découragées par la difficulté à fabriquer une bombe.

Le problème est que les autres solutions pour prévenir les attaques terroristes sont moins efficaces. Les moyens techniques (interceptions de communication téléphonique, surveillance de l'internet, détection des explosifs, etc.) ne permettent pas de résultats aussi spectaculaire. La question est donc politique. Est-il acceptable que des gens ni tout à fait innocent, ni complètement coupable soient condamnés ? Est-il normal que des représentant des gouvernements fournissent à des aspirants terroristes des armes, de l'argent dans l'espoir de les arrêter à temps ? Seul un débat public permettra de répondre à cette question, mais cela va à l'encontre de la tradition de lutte contre le terrorisme.

Sources :
- Jean-Marc Manach – « Pourquoi le FBI aide-t-il les terroristes? » – Bug Brother – 29 septembre 2011 http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2011/09/29/qui-sont-les-terroristes-du-fbi/
- « TERRORISM SINCE 9/11, The American Cases » Sous la direction de John Mueller – Ohio State University – 2 aout 2011 http://polisci.osu.edu/faculty/jmueller/since.html
- AD – « Le terrorisme est-il forcément islamiste ? Le rappel d’Oslo » – GlobalAnalysis France – 28 juillet 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2011/07/le-terrorisme-est-il-forcement.html
- AD – « ECHELON : l’écoute planétaire » – GlobalAnalysis France – 18 janvier 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/echelon-lecoute-planetaire.html
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