mardi 17 avril 2012

Les think tanks : influencer la politique

L'organisation de la campagne présidentielle française de 2012 a fait apparaître au grand jour un nouveau type d’acteur : les think tanks.
Le candidat ou la candidate est avant tout une personnalité, un orateur, un contradicteur.
Le parti est une machine à gagner les élections fournissant des soutiens célèbres (les ténors) et anonymes (les militants), fournissant les supports de campagnes (tracts, affiches, sites internets, listes de sympathisants, etc.).
Les think tanks sont des générateurs d’idées. Dans ces temps où chaque jour doit voir fleurir une nouvelle proposition du candidat pour ne pas disparaître des écrans médiatiques, ces institutions génèrent un flot continu d'analyse, d'opinions et de recommandations dans lesquels les partis vont piocher pour alimenter le candidat ou la candidate. 
 
Définition :
Un think tank, ou laboratoire d’idée, est une institution privée le plus souvent indépendante des partis politiques réunissant des experts pour produire des études ou des propositions dans les domaines liés aux politiques publiques. Ils sont composés de chercheurs (universitaires ou privés), des anciens hommes (ou femmes) politiques, des dirigeants (hauts fonctionnaires, cadres supérieurs d'entreprises
En 2010, il y avait 6480 think tanks dans le monde. La création de think tanks a été très forte de la fin des années soixante au début des années 2000. Les États-Unis restent le pays qui compte le plus de think tanks, il y en aurait 1.100. La Grande-Bretagne compte 278 think tanks et il y en aurait environ 200 en France.
Les think tanks sont financés en majorité par des entreprises privées ainsi que par des particuliers. Les modes de financements de ces institutions ne sont pas toujours clairement identifiables et de cette opacité découle une certaine méfiance, en particulier en France.
 
Les think tanks proches des partis
En France, la tradition des clubs de réflexion a amené des think tanks marqués politiquement. A gauche, on peut citer Terra Nova, la Fondation Copernic et la Fondation Jean-Jaurès (FJJ). A droite, l'Institut Montaigne, la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), l'Institut français pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (IFRAP).
Ainsi la primaire socialiste a été inspirée par Terra Nova, la « règle d'or » budgétaire par Fondapol, la charte de la diversité à l'Institut Montaigne. Les deux principaux partis français, le Parti Socialiste (PS) et l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) organisent des structures pour communiquer avec les think tanks de leur bord politique.
 
Les think tanks dinfluence
Un deuxième type de think tank est celui qui est spécialisé dans un domaine précis. Dans ce cas, son rôle ne se limite pas à conseiller les hommes politiques, il se veut également pédagogique. Il dépêche alors des experts dans les médias pour commenter les décisions ou les annonces politiques, il publie des rapports, organise des débats, chiffre les programmes économiques. C'est le cas en France de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) par exemple dans les relations internationales et de l'Institut de l’entreprise dans le monde économique.
Mais les think tanks sont tributaires des intérêts privés. En effet, leurs donateurs cherchent à influencer les débats, à encourager une personnalité. Les financements viennent d'entreprises, de fondations politiques, de gouvernements étrangers, d'hommes d'affaires qui ont un message à faire passer et qui financent les instituts en fonction de ce message.
Ainsi les think tanks sont un outil d'influence par eux-mêmes (faire avancer les idées qui ont germées en interne) mais également un relais d'influence.
 
Conclusion
L'accélération de la communication politique, couplée à la complexification des sujets politiques a amené à l'apparition des think tanks. Ils sont le lien entre le monde de la recherche en sciences politiques ou sociales et le monde politique. Mais ces laboratoires d'idée sont également des outils d'influence.
Ils ne restent pas moins des sources d'information utiles aux journalistes et analystes politiques de part leur qualité et leur facilité d'accès notamment dans le domaine de la géopolitique et des relations internationales.
 
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Célia Bass – « Peut-on considérer un discours politique comme un argumentaire de vente ? » – La boite à idée – 16 avril 2012 http://marketthinking.blogspot.fr/2012/04/peut-on-considerer-un-discours.html
- Corine Lesnes – « Aux Etats-Unis, 1 100 cercles de réflexion, dont 80 ont un budget supérieur à 10 millions de dollars » – Le Monde – 7 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20120107/html/830655.html
- Gérard Courtois – « Les think tanks, des idées en l'air » – Le Monde – 7 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20120107/html/830658.html
- Weronika Zarachowicz – « L’influence des think tanks, cerveaux des politiques » – Télérama – 16 décembre 2011 http://www.telerama.fr/idees/l-influence-des-think-tanks-cerveaux-des-politiques,76047.php
- Mounia Ben Aïssa – « Think Tanks: Influence ou Ingérence? » – France24 – 12 janvier 2010 http://www.france24.com/fr/20100111-think-tanks-influence-ing-rence-0

Par AD

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